...Le Mag’ :
Les problématiques de santé liées au bâtiment vous semblent-elles bien posées en France ?
Suzanne Déoux :
Dans notre pays, les impacts sanitaires à court terme mobilisent plus que ceux à long terme. Les décès rapides par intoxication ou par infection préoccupent davantage que les affections d’évolution lente qui sont aussi responsables de décès. On se préoccupe du monoxyde de carbone, responsable de 300 morts par an, ou des légionelles, avec 150 décès par an. Mais aucune disposition réglementaire n’est encore prise pour limiter l’exposition au radon dans l’habitat qui « officiellement » est responsable, en France, d’environ 2 000 cancers du poumon par an. Si on inclut une fraction des décès dus à l’asthme et à l’amiante, le coût humain annuel du bâti s’élève au moins à 3 000 morts. Le bâtiment tue ainsi cinq fois plus que le sida ! On en parle moins…